Un accouchement en Inde

Le 22 juillet, pile le jour de mon terme (bébé était ponctuel !), au matin, je commence à ressentir des contractions et divers symptômes (qui avaient commencé à 6h30 environ). J'envoie un message à ma gynéco pour lui demander quoi faire et là elle appelle mon mari pour lui dire qu'on file à la maternité car pour elle ça ne fait aucun doute, c'est le grand jour! Toute excitée et fébrile, je vérifie une dernière fois ma valise, mon mari appelle son patron pour lui dire qu'il ne viendra pas travailler (et pour cause!) et nous nous préparons.

Nous arrivons vers 11h30 à la maternité. Voyant mon état, la réceprionniste ne perd pas de temps. Elle me prend par le bras et nous escorts jusqu'à la salle où les sages femmes me prennent en charge. Les contractions sont importantes (171 au monito) mais problème : mon col ne veut pas coopérer. Comme à 15h30 je ne suis qu'à 1,5 après 6h de travail, on me monte en salle d'observation. À côté de moi, dans une autre salle, une dame est déjà là et crie régulièrement. Je la plains sincèrement sans me douter que je vais bientôt être dans le même état qu'elle... 

À 17h30, comme il n'y a aucun progrès, on me fait un déclenchement. 10 mns après, le cauchemar commence. Autant jusqu'ici les contractions n'étaient pas franchement douloureuses, du moins étaient largement gérables, autant là c'est 100 fois pire. Ma maman est avec moi sur Whatsapp ainsi que des amies et heureusement. Les heures passent... Je suis en nage, je pleure toutes les larmes de mon corps, et je commence même à crier (oui, comme dans les films). Ma gynécologue vient régulièrement me rendre visite pour voir où ça en est et m'encourager mais rien n'y fait. La situation est très difficile pour mon mari aussi. Je trouve qu'on ne parle pas assez de la souffrance de nos hommes lors de l'accouchement. Car c'est loin d'être facile pour eux de nous voir souffrir comme ça et de rester là dans pouvoir rien faire en se sentant aussi impuissant. Heureusement qu'il était là pour me tenir la main, me soutenir et m'encourager. 

En fin de soirée, des amis viennent nous voir. Notre copine vient prendre le relais de mon mari pour qu'il se repose un peu. Je sors, je fais les 100 pas puisque c'est sensé accélérer le travail, j'applique les techniques de respiration apprises par ma physiotherapiste, mais rien de rien. Le col reste à 2,5 et ne bougera plus d'un milimètre. 

Finalement au petit matin, la gynécologue de garde décide de tenter un second déclenchement mais prévient qu'il sera encore plus douloureux que le premier. À ce moment là, je prie tous les dieux que je connais (Dieu, Allah, Bouddha, Vishnu, Shiva et toute la suite). Finalement, c'est ma gynécologue qui me délivre. Bébé est en détresse respiratoire, il faut agir vite et pour elle il est évident que le col ne s'ouvrira pas ou du moins pas assez vite. Elle déclare donc qu'on arrête le carnage et qu'on file en césarienne. Là j'ai l'impression de tomber de Charybde en Scylla, phobique des opérations que je suis. Ma gynéco doit me dire au moins 10 fois que non, je ne sentirais rien pendant la césarienne. En allant dans la salle d'opération je commence à faire une crise d'épilepsie. Il était vraiment temps que ça s'arrête! 

L'anesthésiste, un monsieur adorable, se présente. Il m'explique le déroulé de l'opération, puis me demande de l'avertir quand je n'ai pas de contraction pour pouvoir piquer. "Préparez vous, c'était la dernière contraction douloureuse! ". Une douce chaleur envahit mes jambes et en quelques secondes je ne sens plus rien dans tout le bas du mon corps, ce qui est une sensation assez déroutante au début. 

Et là au bout de quelques minutes j'entends le plus beau cri que je n'entendrais jamais. "Félicitations Ophélie, c'est un petit garçon!" Et oui car en Inde il est interdit de connaître le sexe du bébé avant la naissance! L'anesthésiste me félicite et me dit "Regardez qui est venu vous voir!" Et là mon mari qui me tient la main "on a un garçon chérie! " m'embrasse et va voir notre bébé. Moi je l'aurais un moment plus tard en salle de réveil pour la tétée de bienvenue.

L'émotion qui vous traverse lorsque vous apprenez le sexe du bébé est tellement magique et indescriptible que j'ai décidé que même si je suis en France pour le second, je ne saurais le sexe qu'à la naissance. Cela dit, j'ai toujours su que j'attendais un garçon. Je ne peux l'expliquer. Est ce le yoga et la meditation qui m'ont aidée à être à l'écoute de mon corps et de mes intuitions? Peut être. 

Quoi qu'il en soit, le début de l'aventure la plus magique nous attendait et elle se poursuit encore aujourd'hui! 
 
 



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